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Témoignages

Echanges d'amitié "Vie Libre" à "Vivre Libres"

L’a bu . . .

Au début l’alcool est un sédatif pansement
Qui apaise et soulage le moindre tourment
C’est un merveilleux médicament
Sans ordonnance ni jugement
Avec ce lubrifiant tout n’est que plaisir
Et ce verre amical reste si facile à saisir
Mais très vite l’accoutumance s’installe
On ne boit plus dans les coupes en cristal
Il en faut davantage pour avoir le même effet
On tient la bouteille l’entraînement est parfait
On se sent tout puissant on tutoie les sommets
Puis vient déni et les mensonges qu’on commet
Juste pour survivre sur le chemin de la décadence
Les aspects psy puis physiques de la dépendance
Qu’il faut taire pour sauvegarder les apparences
Boire et reboire sa culpabilité sa honte ses souffrances
Car déjà on a basculé sur l’autre versant dans l’ombre
L’alcool se fait boule de neige aux heures sombres
Puis dévale la pente en grossissant à mesure
Atteignant beaucoup trop vite alors la démesure
Dans le silence aucune alerte ne se déclenche
La boule de neige se transforme en avalanche
Il n’est plus temps de refaire le chemin à l’envers
Déjà les ennuis sans attendre ont dressé le couvert
Ne reste qu’un champ de ruines et un être brisé
Meurtri avili qui du quartier se sait la risée

J’ai vécu l’avalanche je m’en suis sorti pourtant
Et je chemine dans l’abstinence depuis ce temps
Car l’alcoolisme est une maladie et non une tare
Cela se soigne on peut en sortir même sur le tard
L’alcoolique est malade en souffrance en errance
Il lui faut assistance pour quitter sa désespérance
Associations et médecins bossent main dans la main
Pour susciter des rémissions et d’heureux lendemains
Accuser juger rejeter est bien facile
Savoir entendre aider plus difficile
Redonnons l’espoir et le bonheur d’une Vie Libre

La Mouche 13/05/2011

Chronologie d’un matin ordinaire

« Réveille-catin ! »

Un réveille-matin strie dans la nuit le silence assassiné. Il massacre mes oreilles, déchirant mes tympans. Je l’arrête d’un revers de main mais la douleur du choc me lance, me tance jusqu’à l’épaule. Aïe…, ça commence mal !

Le périmètre crânien se serait rétréci cette nuit ? Mes tempes m’enserrent trop, les veines gonflées viennent s’y heurter comme la marée sur des rochers dans un va-et-vient perpétuel. Qui m’a mis la tête dans cet étau ?

Mon œsophage doit ressembler à un conduit de cheminée mal ramoné. Ma gorge reste sèche et brûlante, ma langue pâteuse et chargée se heurte à des dents souffreteuses pour en apaiser l’émail abîmé. Je la claque au palais avant de téter dans le vide, puis mes narines encore endormies frémissent par dessus une haleine fétide.

Mes oreilles obligent mon esprit à se recentrer sur mon corps qui fait un boucan d’enfer, un bruit d’usine : mon cœur bât la chamade, il cogne contre mes côtes comme autant de barreaux et d’entraves. Mes poumons brûlent, je les sens si minces, si tenus que je respire à peine, de peur qu’ils ne se déchirent.

Je voudrais m’étirer, bailler un grand coup… mais mon corps reste recroquevillé, en position presque fœtale. J’ai l’impression d’avoir fait un marathon la veille, mes muscles sont imbibés d’acide lactique transformant le moindre geste en torture. Mon squelette aussi se manifeste et mes os m’envoient également leurs messages de douleurs indicibles.

Mon cuir chevelu me démange comme s’il était à l’envers : mes cheveux grattant ma cervelle, c’est une sensation atroce !

Mes lourdes paupières me semblent en papier de verre ou complètement ensablées et mes cils sont collés, totalement enchevêtrés. Quelques larmes n’y suffiront pas pour entrouvrir mes yeux sans séquelles, ils resteront rouges et sensibles aujourd’hui.

L’inventaire s’arrête brutalement car une contracture au mollet m’expulse du lit ! Vite, je dois poser le pied sur un pavé froid et vas-y, tire ta crampe !

Mon dos me demande si je n’ai pas dormi dans une machine à laver tandis que mes reins m’invitent à changer l’eau des olives. Ensuite je me dirige vers la cuisine pour déjeuner mais je dois rebrousser chemin et capituler : l’odeur du café chaud a déclenché des haut-le-cœur irrépressibles. Tant pis, je ne déjeunerai pas !

La salle de bain m’accueille, toujours à moitié endormi : un peu d’eau sur les yeux rougis pour les écarquiller un peu plus avant que le miroir ne me renvoie l’image d’un étranger. Il a les yeux vides, éteints, gonflés et cernés par d’énormes valises, un regard hagard, un teint blafard, une peau toute flétrie, sans élasticité, une tête de poivrot quoi ! En y regardant de plus près, il me ressemble peut-être un peu mais avec au moins vingt ans de plus !

De toutes façons, ce n’est pas possible, j’ai mal aux yeux et ce miroir est bon à changer, alors une bonne douche et tout rentrera dans l’ordre.

En fait cela devient une douche écossaise car je ne parviens pas à la régler comme je le voudrais, mais bon cela me fait du bien tout de même. Je me remets tant bien que mal les idées en place et plutôt mal que bien ! Ma mémoire me joue des tours, ma soirée d’hier est un véritable puzzle et alors que je veux le reconstituer il m’en manque de gros morceaux. J’ai des trous énormes : qu’est-ce que j’ai encore foutu ?

Je peux me doucher des heures, je me sens toujours aussi sale… je me sens mal, très mal !

De nouveau face au miroir j’ai la douleur de me reconnaître. Mes yeux s’embrument, je me déteste, je me hais, je voudrais briser cette image…me foutre en l’air !

J’essaye de me laver les dents à nouveau, mais rien qu’en sentant l’odeur du dentifrice, mon ventre se noue, il fait des nœuds, alors je cale devant la nausée et je rentre le tube à regret :

« Brosse à l’eau, mon salaud ! »

Quel tableau ! J’ai trop honte ! Ce n’est plus supportable ! C’est fini ! J’arrête !

Plus jamais, je ne me mettrai dans des états pareils ! Il y va de ma survie !

Allez, en route pour le boulot ! Une fois dehors, le vent me gifle violemment, m’agresse comme si je n’avais plus de peau sur le visage : ça brûle, j’ai mal ! Encore ! A nouveau ! J’avance comme un papy, je me traîne et à chaque pas je suis perclus de douleur. Alors je m’interroge : je rentre ou je continue ? Le bus n’est pas si loin et puis pour l’arrêt-maladie j’en ai déjà pris mon compte. Mais bon sang, qu’est-ce que je me sens mal !

J’ai trop de sueurs froides, j’ai même peur de m’évanouir, je n’en peux plus, je m’abandonne.

Tant pis pour les promesses, je n’ai pas le choix : un petit crochet par le bistro, juste pour un verre, rien qu’un pour la route !

Juste un petit demi et je suis inondé de bien-être car les douleurs s’estompent et s’y noient. Quel pied ! C’est le nirvana, l’extase suprême ! C’est de l’uranium enrichi ce truc ! Je ne suis plus un mort vivant ! Je suis ressuscité ! « Allez Marcel, sers-en un autre et je vais bosser ! »

Buveur guéri, malade alcoolique en rémission depuis bientôt 18 ans, j’ai bu mon dernier verre d’alcool il y a plus de 155 000 heures déjà et pourtant cette chronologie d’un matin ordinaire, habituel ou presque en ce temps là, m’a titillé cette nuit au terme d’un mauvais rêve. Le souvenir en est tellement vivace que je me suis senti obligé de vous le relater.

Puissent les buveurs à risque s’en imprégner pour ne pas basculer du mauvais côté de la pyramide, celui de la dépendance, en diminuant leur consommation pendant qu’il en est encore temps. Preuve en est, qu’ils sachent que l’abstinence reste un combat à jamais, de tous les instants, sans trêve ni répit.

Quant à ceux qui ont subi la dépendance beaucoup ne verront dans cette histoire qu’un simple témoignage de ce qu’ils ont eux-mêmes vécus.

Longue vie et amitiés à tous !

Yves MOUCHET le 28/09/2009

Le maillon de chaîne !

(Dédié à Daniel THOLLON)

Vie Libre
Libres échanges
Et change la vie
L’avis des autres
Autrement aimé et regardé
Regarder en soi et s’estimer
S’estimer libre et renaissant
Renaissant dans l’abstinence
L’abstinence heureuse et fière
Fier de quitter l’alcool à raison
Raison et sagesse retrouvées
Retrouver la vraie vie une vie libre
Vie Libre pour béquille et soutien
Soutien des amis et des anciens
Anciens buveurs et nouveau bonheur
Bonheur de partage et plaisir
Plaisir d’offrir conseil et respect
Respect des autres et de soi pour s’aimer
S’aimer et semer l’espoir pour demain
Demain offrir ce que Vie Libre nous a donné
Donner et redonner encore pour aider
Aider les autres aimer la vie en liberté
Liberté hors alcool dans la dignité
Dignité regagnée avec Vie Libre
Vie Libre chaîne d’amitié
D’amitié je ne suis qu’un maillon
Maillon vie-librien pour aider
Aider sans juger ni condamner. . .

La Mouche  09/05/2011

Message envoyé le 21/5/2011

Bonjour,
 J’espère que vous allez bien. J’envoie ce message à la famille et amis (ceux dont j’ai l’adresse mail) pour donner un signe de bonne vie.
  Pour ceux qui ne le savent pas, depuis février 2011, je suis abstinent de tout alcool. Oui ! Je devenais DEPENDANT et un sevrage était nécessaire pour ma santé.
  Oui, il faut savoir boire pour ne pas avoir de problèmes ! J’adhère donc à une association d’aide au maintien de l’abstinence. Je participe fortement, je me suis fait beaucoup d’amis. Ma vie de retraité est pleine d’activités de rencontre, organisation de festivités et d’informations....

J.C

 

"Lorsque mes angoisses, mes peurs, mes hontes, mes culpabilités, mes trop pleins d'émotions n'étaient plus anesthésiés par l'alcool, et que la vie continuait malgré tout; Que je devais essuyer certaines réflexions ou actes de la part de mes proches, sans aller boire un coup pour calmer la douleur ou la tentation qu'elles généraient..."
C'est tout à fait ce que je ressens. L'alcool me servait d'anxiolytique. Les alcooliques seraient-ils des hypersensibles ?
  Et il est dur d'affronter la vie sans ça. Ce qui me fait tenir, c'est que je sais qu'avec l'alcool, c'est encore pire (aie aie aie les lendemains) Hier, l'angoisse est passée beaucoup plus vite que d'habitude (4 bières ou +) et sans culpabilité, au contraire. Alors, je continue...avec aide.
Merci à vous tous de vos réponses
Salut

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Je vais te donner un autre petit truc, lorsque tu ressens cette envie de boire prend un stylo et écrit, écrit toutes les angoisses que tu as et recherche les causes, travaille sur ton passé ton vécu, les situations que tu as vécues et mal vécue, ce que l'alcool à détruit dans ta vie en bref.
Si l'envie est provoquée par un problème, dis toi bien que chaque problème à une solution et qu'il faut s'attaquer aux problèmes, écrit alors les solutions possibles (il y en a toujours plusieurs, il ne faut garder que les bonnes)
Ecrire m'a beaucoup aider pour m'en sortir surtout lorsque j'ai écrit toute ma vie (depuis ce que je m'en souviens jusqu'à aujourd'hui)
En attendant de rencontrer ton médecin alcoologue cela peux t'aider, 
bon courage pour la suite

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